- Novembre 1951 : la CCI lance un concours international.
- Août 1952 : 14 groupements d’entreprises répondent au concours et remettent leur proposition.
- 1954 : la Chambre de commerce et d’industrie, assistée des Ingénieurs des Ponts et Chaussées, choisit le projet qui sera réalisé.
- 27 novembre 1954 : le lauréat du concours, choisi par la Chambre de Commerce et d’Industrie assistée par des ingénieurs des Ponts et Chaussées, est approuvé par l’état.
- 15 novembre 1955 : début des travaux.
- 2 juillet 1959 : mise en service du Pont de Tancarville.
Les fondations
Fondations des pylônes, des massifs d’ancrage et du viaduc d’accès.
Le tablier des viaducs sont construits par poussage à partir de l’extrémité du pont. Ils sont construits par tronçon de 7,25 mètres (voussoir), coulés à terre et poussés pour aller prendre leur position définitive. Cette technique originale a le grand avantage de permettre la fabrication des tronçons à terre dans de bonnes conditions, répétitives et donc peu aléatoires. Le poussage s’effectue après le coulage d’un tronçon, centimètre par centimètre, et à la fin, c’est l’ensemble du tablier qui est ainsi poussé pour prendre sa place définitive et s’appuyant sur les piles du viaduc. Cette manœuvre est réalisée grâce à des vérins verticaux et horizontaux actionnés par ordinateurs.
Fondations des pylônes
En mars 1956, les travaux de construction du pont commencent avec les fondations des pylônes. 44 mois seront nécessaires à la réalisation de ces fondations par havage.
En raison de la nature marécageuse des sols, la profondeur de fondation du pylône de la rive gauche est de 28 mètres. La fondation est composée d’un grand caisson en béton armé de 34m x 12m comportant 10 alvéoles de 5,20 m x 3,90 m. La fondation d’un poids d’environ 25 000 t est ancrée sur un banc de sable et galets compact.
La fondation du pylône rive droite composée de 2 caissons indépendants de 12m x 12m et comportant chacun 9 alvéoles de 3m de diamètre est descendu dans la craie à 18m de profondeur.
Fondation des massifs d’ancrage
L’ancrage rive gauche est constitué d’un important massif en béton précontraint ayant sensiblement les dimensions de l’Arc de Triomphe, soit une hauteur de 47 mètres. Son poids est de 36000 tonnes. Il représente 13 000 m3 environ. Il a été exécuté en 10 mois.
L’ancrage rive droite est constitué d’éléments en béton précontraint de 30 mètres de profondeur ancrés dans la roche calcaire de la falaise, assurant un effort de traction des câbles de 16000 tonnes.
Fondation du viaduc d’accès
Le viaduc d’accès au pont est fondé sur 240 pieux en béton armé d’une longueur de 21 mètres chacun.
20 à 32 pieux sont utilisés pour chaque pile. Ils sont coiffés d’une semelle de béton armé de 2m d’épaisseur sur laquelle sont construites les piles du viaduc.
Construction du viaduc d’accès
Le viaduc d’accès au pont permet de relier la chaussée du tablier métallique aux voies de circulation de la rive gauche. Ils se composent de 8 travées identiques en béton précontraint de 50 mètres de longueur, reposant sur 7 piles creuses en béton armé fondées sur des pieux de 21 et 22 mètres de longueur.
Le battage du premier pieu du viaduc d’accès a lieu le 23 mai 1956.
La construction des pylônes
Les pylônes ont une hauteur de 123 mètres* (un record mondial à l’époque de la construction), soit 2 fois la hauteur de la cathédrale Notre Dame de Paris.
Ils sont en béton armé et ont une épaisseur constante. Ils supportent par l’intermédiaire des câbles une charge moyenne de 6000 tonnes pouvant s’élever jusqu’à 8000 tonnes.
(* Construction d’origine avant le changement de suspension en 1997).
Lors de la construction, la passerelle de travail est soulevée au fur et à mesure de l’exécution par deux grues dont les fûts sont encastrés dans les cheminées intérieures des montants.
Mise en place de la suspension
Les deux câbles du Pont de Tancarville mesurent 1070 mètres et sont composés de 60 torons chacun*. Chaque toron est composé de 169 fils de 4,7 mm de diamètre*.
24 000 kilomètres de fils d’acier ont été nécessaires pour réaliser l’ensemble de l’ouvrage pour un poids de 3350 tonnes.
Situés de part et d’autre du pont, les massifs d’ancrage ont pour objet de reporter dans le sol les 8000 tonnes de traction des câbles. 168 suspentes réparties des 2 côtés de l’ouvrage relient les câbles porteurs au tablier et supportent chacune une charge permanente de 73 tonnes*.
Les câbles porteurs ont été mis en place en 3 mois, entre le 15 mai et le 15 août 1958.
* Construction d’origine avant le changement de suspension ayant débuté en 1996 – Pour connaitre les caractéristiques de la suspension depuis son remplacement, cliquez ici).
Une passerelle provisoire est installée tout le long de la suspension.
La « passerelle à singes », suspendue sous le câble amont, permet la circulation du personnel.
Pour passer un câble élémentaire d’un ancrage à l’autre, on tire son culot à l’aide d’un treuil placé sur l’ancrage rive gauche ; le câble lui-même est porté par un câble auxiliaire à l’aide d’un système de poulie.
Les 169 fils sont tournés ensemble pour constituer un toron.
Ensuite, 60 torons sont assemblés pour constituer un câble.
Construction des suspensions – Le collier
Les 60 câbles élémentaires sont définitivement réunis en un faisceau hexagonal de 65 cm de hauteur et 58 cm de largeur par des colliers en acier moulé destinés à l’amarrage des suspentes.
La suspension vue de la tête de pylône rive droite.
Construction du tablier du Pont de Tancarville
Le tablier métallique possède une travée centrale de 608 mètres et deux travées latérales de 176 mètres chacune.
Les poutres de rigidité qui constituent le tablier sont montées à blanc après leur usinage, ainsi que pour tous les éléments du tablier. Démontées pour le transport, elles sont ensuite assemblées définitivement sur place.
Les éléments de la charpente sont levés et rivetés entre eux au moyen de 750 000 rivets. Le poids total de la charpente est de 7500 tonnes. La totalité du tablier est posée le 15 avril 1959.
Des études en soufflerie sur un modèle réduit du pont ont permis de concevoir une structure de tablier éliminant tout risque de rupture, quelles que soient les différentes combinaisons de mode oscillatoire dues au vent.